Le processus d’informatisation fait – a priori – partie des moyens permettant d’améliorer l’organisation et d’éviter la saturation des services d’hospitalisation. Les solutions existent et leur approche collaborative leur confère une certaine capacité d’adaptation aux situations d’urgence…

De nombreux rapports relatent de « l’urgence » de la situation. Selon le rapport du député Mesnier (mai 2018), sur les 21 millions de passages aux urgences chaque année, 43 % seraient inappropriés. De son côté, la Cour des Comptes (2019) indique que 20% des passages pourraient être évités pour une économie estimée entre 400 à 600 millions d’euros par an. Le coût moyen de prise en charge aux urgences est de l’ordre de 160 € : un chiffre à comparer au coût d’une consultation en médecine de ville (de l’ordre de 25 €) ou en médecine de garde (autour de 50 € le jour et 70 € en horaire de nuit). On comprend aisément que des économies colossales seraient possibles pour l’Etat et les complémentaires santé.

Informatiser une unité d’urgence c’est prendre en compte les spécificités du métier mais aussi des lieux : La zone d’accueil, la salle d’attente, les salles d’examens, la salle de déchocage, la salle de décontamination et les bureaux (infirmier, chef de service, médecin). Pour peu qu’un service SMUR partage les locaux des urgences et que le service soit doté de quelques lits d’UHCD (unités d’hospitalisation de courte durée), on comprend que le choix d’une solution d’informatisation ne soit pas un simple parcours de santé ! Il faut contrôler en amont les flux et en aval les lits, dans un service généralement 24/24. Outre les patients, le lieu accueille généralement de nombreux accompagnants et la confidentialité doit néanmoins être respectée. Ce qui caractérise néanmoins une unité d’urgences c’est encore la diversité des intervenants auprès des patients sachant que chaque corps de métier doit disposer d’un accès temps réel au dossier Médical du patient : accès aux antécédents, comptes rendus d’hospitalisation et d’examens, saisie des données de l’examen médical, des prescriptions et des actes médicaux en temps réel (Scores de gravité à l’accueil, Pouls, Tension artérielle, Température, etc.)

 

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Dans les unités d’urgences, les équipements classiques, de type ordinateur sur chariot, se prêtent mal à une prise en charge « par intermittence » et « en simultané » de plusieurs patients. Opter pour un déploiement exclusivement « PC portable », c’est aussi risquer d’oublier le dispositif dans une salle… Reste à choisir entre la tablette (vraiment portable), le smartphone ou le poste fixe à bras articulé. Un mix de ces dispositifs permet généralement d’aboutir à un déploiement adapté au mode de fonctionnement d’un SAU dont la nécessité première est de pouvoir assurer la prise en charge simultanée de plusieurs patients par plusieurs intervenants de différents corps de métier. Du point de vue logiciel, les systèmes classiques « clavier-souris » sont dépassés. La réactivité intrinsèque des acteurs nécessite des modes de saisie plus modernes (voix, tactile, etc.) et des affichages dynamiques (écrans paramétrables, suivi du patient par RFID, etc.).

 

L’urgence : Dans la continuité du DPI

L’offre éditeur reste assez fournie et l’orientation globale est celle de l’informatisation dans la continuité du DPI. L’objectif est d’éviter toute rupture dans le parcours du patient. L’ensemble des données saisies en unité d’urgence doit être facilement consultables par les professionnels du service de soins dans lequel le patient pourrait, par la suite, être hospitalisé. Toute fonctionnalité ou artifice ergonomique favorisant la coordination inter services est à prendre en considération. Une fois le patient admis, l’infirmière d’accueil et d’orientation (IAO) peut déterminer le motif de recours et/ou le tri IAO, renseigner la fiche d’orientation et d’accueil, orienter le patient dans un box, puis affecter la prise en charge du patient à un médecin et une infirmière. Le médecin urgentiste qui examine le patient accède directement aux données du patient renseignées par l’infirmière IAO. Il renseigne dans le bilan médical l’examen clinique du patient et gère l’activité médicale relative au passage. En règle générale, le RPU se complète automatiquement, au fil de l’eau, en fonction des actes et diagnostics saisis par le corps médical.

Fonctionnellement, de nombreuses solutions proposent un portail interactif, compatible écran tactile, pour visualiser graphiquement l’occupation du service et des différents espaces. Il s’agit essentiellement de simplifier le parcours patient en gérant simplement ses mouvements d’accueil, ses déplacements au sein du service et son orientation en fin de prise en charge. Idéalement, chaque acteur doit disposer d’une vision globale et synthétique de l’état des patients : niveau de gravité, prise en charge médicale débutée, prescriptions (fait / reste à faire), résultats de biologie à consulter, temps d’attente et alertes, etc. avec, selon ses habilitations, un accès direct à une partie ou à l’ensemble du Dossier Patient.

 

Cap sur la géolocalisation

Que ce soit du point de vue de l’interface utilisateur ou des fonctionnalités propres au métier, la tendance est à la géolocalisation : ergonomie de type cliquer-glisser, bracelets RFID, etc. L’essentiel est de répondre aux nécessités de pilotage efficace du service tout en étant capable d’administrer des soins aux patients. En règle générale, les éditeurs optent pour une représentation graphique des secteurs avec un accès direct aux indicateurs (niveau de criticité, prescriptions, résultats, sorties) et aux fonctionnalités patients (pancarte, synthèse, etc.). L’accent est généralement mis sur le pilotage opérationnel de la part de l’IAO : occupation des box, mouvements et état des patients. Dans la plupart des cas, les patients sont visualisés sous forme de vignettes et la gestion des déplacements se fait en glisser/déposer avec, par ailleurs, des menus contextuels permettant la navigation vers des fonctions métiers. L’alimentation des RPU est généralement automatique dès saisie des informations médicales par les soignants avec gestion des exports au format national et régional. Idéalement, les fonctions logicielles à destination des services d’urgences (tri IAO, motifs de recours, conclusion du dossier d’urgences, plan blanc, RPU, etc.) devraient être accessibles au niveau du DPI de l’établissement. A l’inverse, en ce qui concerne la gestion des séjours et des mouvements, l’équipe du service d’urgence doit pouvoir accéder directement au planning d’occupation de lits avec la possibilité d’effectuer des demandes d’orientation vers les services d’hospitalisation. En résumé, la tendance est au partage natif de l’ensemble des données médicales entre le service des urgences et les services hospitaliers.

Dans un SAU, tout doit être organisé selon le parcours (court ou long) du Patient sur la base d’un système capable de s’adapter aux contingences d’un cas imprévu. Souvent, la saturation des SAU tient au manque de visibilité de l’offre de soins au sein d’une région et à la difficulté d’accès aux médecins généralistes disponibles en urgence. La conséquence première de la saturation est l’impact sur la qualité des soins, avec des soignants qui n’ont pas les moyens de tenir la cadence. Si l’informatique n’est pas en mesure de tout résoudre, elle peut certainement apporter de nouvelles solutions à l’organisation des services d’urgence.

 

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