En ces temps de crise sanitaire où les ressources sur site se raréfient et que, parallèlement, la PUI doit assurer une livraison efficace dans les services – notamment en soins intensifs, les systèmes de robotisation de la Pharmacie font l’objet d’un regain d’intérêt : raison de plus pour que my SIH magazine vous propose un point sur le sujet…

L’avènement des GHT doublé de la crise sanitaire ont catalysé le marché de l’automatisation de la prise en charge médicamenteuse. Sous l’impulsion des ARS, avec en ligne de mire, le plan « Ma Santé 2022 », les PUI sont incitées à développer des projets d’automatisation pour la préparation des doses à administrer, le stockage et la délivrance, qu’elle soit globale ou nominative. L’automatisation présente de nombreux avantages. Tout d’abord, il s’agit d’un moyen efficace pour sécuriser les différentes étapes de la prise en charge médicamenteuse et, par conséquence, de limiter les effets iatrogènes. Dans un contexte territorial, l’automatisation permet d’optimiser les budgets du fait que l’investissement dans un robot sera d’autant plus rentable que son exploitation se fera sur un périmètre plus large. La mutualisation des achats de systèmes robotiques en pharmacie parait incontournables. Dans de nombreuses régions, territoires de GHT, il y a actuellement des projets plus ou moins avancés de mutualisation sur la base de l’établissement support qui dans pas mal de cas dispose déjà d’un système d’automatisation. L’élargissement du périmètre de ce système est souvent l’occasion de reprendre le projet dans une logique mutualisé. Cet élargissement ne signifie pas nécessairement de continuer avec les équipements existants. Les utilisateurs du CUAP (Club des Utilisateurs d’Automates de Préparation des doses à administrer) sont souvent au cœur des débats dans les décisions. Pour rappel, l’objectif du CUAP est de partager les expériences d’utilisation des automates de préparation des doses à administrer et de promouvoir des recommandations de bonnes pratiques relatives à l’utilisation de ces équipements.
Il est important de rappeler que la motivation première d’un projet d’automatisation ne doit pas être la réduction des effectifs mais plutôt une formidable opportunité de redéploiement du personnel sur son cœur de métier. Les projets les plus structurants sont ceux qui impliquent, non seulement les établissements sanitaires, mais aussi les structures du médico-social et des EHPAD. En effet, dans une logique d’automatisation, la durée moyenne de séjour et le mode d’administration (global, hebdomadaire, journalier) sont des critères essentiels et selon les différences selon les secteurs d’activité, voir les spécialité au sein d’un même établissement, sont importantes. Commencer par l’automatisation d’un service de long séjour pour lequel les prescriptions varient peu, laisse aux équipes un temps d’appropriation essentiel, voire une prise de conscience collective d’un véritable changement de l’organisation du travail et ce, tout autant au niveau de la pharmacie que de l’unité de soins (client de la pharmacie) et des services logistiques. Aujourd’hui, avec l’évolution des technologies et l’arrivée sur le marché de nouveaux dispositifs, le démarrage d’un projet en MCO reste possible à condition d’envisager d’investir dans des solutions d’armoires automatisées qui préparent les piluliers directement dans les unités de soins. Dans tous les cas de figure, une étude préalable sur les modes de prescription et – éventuellement – leur harmonisation est incontournable. L’autre critère à prendre en compte dans un tel projet est celui du timing. Il ne faut pas oublier que la préparation des doses à administrer est une activité soumise à autorisation par l’ARS et que le renouvellement de ces autorisations exige un délai minimum de 4 mois. Si on y ajoute le fait que la disponibilité des équipes opérationnelles des fournisseurs de systèmes automatisés est aujourd’hui de l’ordre de 6 mois, force est de constater que l’objectif de « Ma Santé 2022 » c’est maintenant, voire hier…

ROWA 054 Robotisation d'une PUI BD

Les robots de pharmacie BD Rowa™ vous permettent un gain d’espace indéniable tout en libérant du temps et de la disponibilité « soignant » au niveau des équipes. Retrouvez les expériences de déploiement de la solution ROWA au CH du Mans avec l’interview du Dr. TESSON-LECOQ dans ce numéro et au CH de Rouen dans le numéro 52 de my SIH magazine.

Pourquoi automatiser ?

Outre le gain de place, l’amélioration de la sécurité et de la traçabilité, l’automatisation a un impact essentiel sur le gain de temps au niveau des équipes : l’élimination des déplacements peut faire gagner 2 à 3 heures de travail quotidien par comptoir et la vitesse de préparation d’une ordonnance par un automate est inégalable par l’être humain. Le temps de délivrance manuelle d’une ordonnance est évalué en moyenne à 7 mn dont la moitié en back office. Un automate peut aujourd’hui délivrer une dizaine d’ordonnance par minutes…

La composante SI…

Déployer un automate sans lien avec le logiciel de prescription et d’analyse des prescriptions (le DPI ou tout autre applicatif spécialisé) est une hérésie. Il faut être particulièrement vigilant sur ce point et nécessairement intégrer à l’équipe projet une ressource informatique bien au fait des standards, des normes et des capacités actuelles d’interopérabilité entre le SIH existant les futurs systèmes de robotisation. Malheureusement, certains fournisseurs – certainement par manque de connaissance de l’environnement opérationnel de l’établissement – ne sont pas toujours de bons conseils sur ce volet. L’automatisation va nécessairement diminuer certains risques mais sans logique d’interopérabilité SI elle va en provoquer d’autres, avec une incidence importante sur la qualité globale de la prise en charge. En résumé, l’appropriation « Pharmacie » d’un projet de tel ampleur n’est pas la meilleure approche. Sans une implication collaborative « Pharmacie – Informatique – Logistique », le déploiement risque d’être complexe et – in fine – ne pas engendrer les gains espérés.

 

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Magazine :: mySIH n°°054