La télésanté regroupe les activités de santé médiées par un outil numérique : téléconsultation, téléexpertise, télésurveillance, téléassistance, télérégulation, télésoins… En mettant en relation les patients et les professionnels de santé ou les professionnels de santé entre eux, elle permet la réalisation de nombreux actes : établissement de diagnostics, suivi renforcé de patients à risques, sollicitation d’avis spécialisés, prescription de produits ou d’actes, surveillance de patients à domicile, actes de rééducation… Sur le territoire breton, la pratique connait une nette accélération et se diversifie.
Une tendance à laquelle le CHU de Rennes n’échappe pas puisque la télémédecine s’y développe depuis une vingtaine d’années et a connu un pic en 2020 lors de la crise sanitaire avec de nombreux avantages tant pour les professionnels que pour les patients : accès et continuité des soins, partage interprofessionnel, rapidité de réponse, réduction du temps passé (trajets, salle d’attente) … Parce que la télésanté est transversale et protéiforme, elle impacte l’ensemble des métiers du CHU. À ce titre, l’établissement accompagne la croissance progressive de chacun de ces actes.
Afin de favoriser l’implémentation de la télésanté dans les parcours de soins des patients et les pratiques des professionnels de santé, le CHU s’est doté d’outils numériques et d’instances dédiésavec, notamment, la création d’une « team télésanté » et d’un comité de pilotage. Equipe pluriprofessionnelle de douze membres, la team télésanté (ci-contre) se réunit chaque trimestre pour étudier les procédures relatives à la télésanté ; échanger, expérimenter et communiquer sur les projets en cours ; et accompagner les changements de pratique intégrant la télésanté au sein de l’établissement.
Organe décisionnel constitué de médecins et de représentants des différentes directions du CHU (direction générale, finances, affaires médicales, soins, services numériques), le comité de pilotage se réunit quant à lui deux fois par an. A cette occasion, ses membres observent l’avancement des projets validés en comité puis examinent et priorisent – en portant une attention accrue aux usages – les nouveaux projets soumis à leur arbitrage.
« Les usages ont beaucoup évolué et je crois qu’aujourd’hui, la télésanté joue un rôle fondamental en faveur du décloisonnement, de l’échange d’avis entre praticiens et de la coopération entre tous. C’est en faisant l’expérience de ces nouveaux outils et en les maîtrisant que l’on prend toute la mesure de leur potentiel en matière d’amélioration de la qualité des soins. Combiner au juste niveau actes à distance et actes en présence participe efficacement à l’accessibilité, à la qualité, à la pertinence des soins et au plan de transformation de l’économie française pour la décarbonation dans le secteur de la santé », indique leDr Marie Costes, référente télésanté.
Fédératrice, la téléexpertise participe au renforcement du lien ville-hôpital et interhospitalier
Qu’elle se présente sous la forme d’appels téléphoniques, de fax ou de mails entre confrères, la téléexpertise a toujours existé. D’abord réservée à certains patients (affections longue durée, maladies rares, résidents d’EHPAD, de zones isolées…), cette branche de la télémédecine a pris un nouveau tournant au cours des dernières années puisque la réglementation a permis l’émergence d’outils numériques performants, l’ouverture de la pratique à tous les praticiens et son extension aux professions paramédicales. Depuis fin 2020, les praticiens du CHU s’appuient sur la plateforme Omnidoc pour la réalisation de ces actes.
En Bretagne, 64% des médecins dont l’avis est requis exercent en établissements publics
En décembre 2020, une enquête portée par le CHU de Rennes et financée par l’ARS Bretagne a été conduite afin de dresser un état des lieux de la téléexpertise dans la région. Près de 1 000 médecins bretons y ont ainsi répondu : 423 requérants (médecins sollicitant l’avis d’un confrère) et 535 requis (médecins sollicités pour leur expertise).
L’enquête dévoile que 68 % des requérants ont un profil de médecin généraliste tandis que 100 % des 33 disciplines médicales inventoriées disent rendre des avis, avec une intensité variable.
En outre, 64 % des requis exercent au sein d’établissements sanitaires publics, ce qui augure de fréquentes requêtes auprès des spécialistes du CHU. 61 % des médecins requis déclarent rendre plus de cinq avis par semaine et ils sont 51 % à y consacrer entre une et quatre heures hebdomadaires.
Au CHU, déjà plus de 30 000 avis experts délivrés à près de 3 000 requérants via Omnidoc
À la fois hôpital de proximité et centre de recours, le CHU et ses praticiens sont disponibles au quotidien pour donner des avis à leurs consœurs et confrères du territoire et au-delà. Aujourd’hui, près de 40 lignes téléphoniques couvrant 30 spécialités sont dédiées à l’expertise avec, au bout du fil, un médecin senior de chaque discipline. Pour améliorer plus encore le lien ville-hôpital et accompagner l’organisation de la téléexpertise, le CHU a par ailleurs souscrit dès 2020 à la plateforme Omnidoc avec trois services expérimentateurs – ophtalmologie, dermatologie, gériatrie – et des retours enthousiastes : simplicité, facilité d’usage, rapidité de réponse, souplesse, centralisation des avis… Trois ans plus tard, ce sont près de 50 lignes qui sont disponibles.
« Au CHU, la téléexpertise occupe une place grandissante de notre quotidien et l’outil Omnidoc améliore considérablement les échanges entre praticiens en plus de nous permettre de quantifier cette activité. En ophtalmologie, un patient peut bénéficier d’un avis spécialisé en moins de 24h sans se déplacer. Et quand sa présence est nécessaire, Omnidoc fait le lien avec le secrétariat pour joindre le rendez-vous à l’agenda global. Dans ma spécialité, nous sommes unanimement conquis ! », souligne leDr Matthieu Soethoudt, ophtalmologue.
130 praticiens adeptes de la téléconsultation et plus de 3 000 patients suivis en télésurveillance
À l’échelle nationale, la téléconsultation représente près de 2% du total des consultations réalisées chaque année. Au CHU de Rennes, 1,46% de l’ensemble des consultations médicales sont réalisées à distance, moyennant certaines variations imputables à différents facteurs tels que la période observée (ex : contexte épidémique), la spécialité utilisatrice (ex : gériatrie) ou encore la géographie d’un territoire donné (maintien du lien patients-soignants en territoires isolés). Dans sa feuille de route 2023 relative à la télésanté, le CHU entend notamment développer une culture du télésoins parmi les professionnels paramédicaux ou encore renforcer la téléconsultation auprès des centres pénitenciers.
« Les outils de télésanté jouent désormais un rôle majeur dans l‘alliance thérapeutique que nous construisons avec le patient mais également avec l’ensemble des professionnels hospitaliers ou libéraux intervenant dans le parcours de soins. En diabétologie, nous disposons d’outils de télésurveillance qui nous permettent – patients comme soignants – de visualiser à tout moment la courbe de glycémie de la personne suivie avec son accord. Pour cette dernière, cette courbe est un allié pédagogique au quotidien ; pour nous, elle est un indicateur partagé qui améliore la communication avec le patient et, in fine, la qualité des soins », note Sonia Letondeur, infirmière de pratique avancée (IPA) en endocrinologie, diabétologie et nutrition.
Télésurveillance des patients diabétiques, équipés d’une prothèse cardiaque ou suivis en onco- urologie et en onco-hématologie… Au CHU, cette branche de la télésanté concerne près de 3 000 patients et améliore drastiquement la qualité des soins en permettant une détection précoce des événements indésirables, en prévenant les effets qui en découlent, en formant les patients à leur maladie ou encore en observant de près et en continu la réponse à un traitement.